Chère Montréal ! N’oublie pas que ton Stade olympique, qui a reçu toutes les communautés sportives du monde, a permis de t’identifier aux yeux de la planète entière. Sur ton sol, plus de cinquante-deux nationalités se côtoient. En ce site, elles se reconnaissent. Le Stade olympique est devenu le symbole de Montréal. C’est le monument que les touristes visitent, comme on va voir Tower Bridge à Londres ou le Ponte Vecchio à Florence. Ce site est à toi, il n’appartient pas à tous ces politiciens ou affairistes qui ont cherché à le détourner à leur profit. Je peux te le dire : je n’ai jamais rencontré autant d’adversité sur un chantier de ma vie. La Tour penchée (qui reste encore la plus haute au monde), le toit mobile, je les ai conçus alors que tes nobliaux me faisaient la guerre. Pourquoi cette guerre ? Quels en sont encore, trente-quatre années après, les enjeux ? J’ai 84 ans à présent, et je voudrais porter à ta conscience cette aventure de la conception, du chantier et du devenir de cet ouvrage.Ton Stade olympique est l’œuvre qui m’a le plus préoccupé. J’y ai mis toute mes forces. Je prends la plume, trente-quatre années après, pour donner ma lumière sur cet immense projet et mettre les cartes entre tes mains, Montréal, puisqu’il touche à la fois au grand mythe de ton identité et aux scandales ourdis par certains en ton sein.